Focus WRC
Ford Motorsport, qui désirait cesser
provisoirement ses activités sportives en rallye, avait confié
début 1998 son parc d'Escort-Cosworth WRC à Malcolm Wilson,
ou plutôt à sa structure, dénommée M-Sport, basée
à Cockermouth dans le nord de lAngleterre. Désormais placée
sous l'autorité d'un seul homme, par ailleurs ancien pilote expérimenté,
l'équipe Ford semi-officielle s'acquitte plutôt bien de cette
tâche, Bruno Thiry et Juha Kankkunen se comportant très honorablement
avec du matériel conçu six ans plus tôt. Des arguments
qui incitent la direction générale de l'entreprise à
pousser plus avant cette collaboration, en confiant à Malcolm Wilson
le développement complet du programme Focus en WRC. Le challenge est
gigantesque et périlleux, pour Ford comme pour Malcolm Wilson, car
il s'agit de rebâtir une organisation tout en alignant en rallye une
nouvelle voiture, qui devra vite s'avérer compétitive. Pour
ne rien simplifier, Thiry et Kankkunen sont remplacés par Colin McRae,
Simon Jean-Joseph et Thomas Radstrôm. Comme toutes les WRC, la Focus
dispose d'un moteur quatre cylindres transversal turbocompressé et
d'une transmission intégrale permanente. Dans ce contexte d'uniformité
réglementaire, ses atouts sont un encombrement réduit, un empattement
long et des suspensions à grand débattement qui devraient constituer
un avantage décisif sur terrain cassant. Les premiers essais n'auront
lieu qu'à partir du mois de novembre 1998, pour une première
participation officielle au rallye Monte-Carlo, organisé seulement
trois mois plus tard. La saison sera marquée par une cascade de problèmes
technique, à commencer par une modification non réglementaire
du circuit de refroidissement, mais aussi, et c'est le plus important, par
plusieurs bons résultats, dont deux victoires. Avec l'engagement de
Carlos Sainz en 2000, cette seconde saison devait être, en principe,
celle du grand retour de Ford au niveau mondial, mais l'équipe anglaise
manque de peu le titre, et c'est Peugeot qui est sacré, grâce
à l'exclusion surprise des Mitsubishi. Avec trois victoires à
eux deux, Sainz et McRae peuvent envisager d'apporter un second titre de champion
du monde à Ford (le premier remonte à 1979), mais, hélas,
de nombreuses sorties de route et une disqualification au rallye dAustralie
(marche arrière dans une zone de contrôle horaire) permettent
à l'équipe Peugeot de revenir au contact, même si les
Ford Focus sont intrinsèquement plus performantes. Les Focus dominent
lorsque le terrain est cassant, ce qui signifie qu'elles sont particulièrement
résistantes, mais en revanche trop lourdes. C'est à partir de
ces constatations qu'une version évoluée est construite pour
la saison 2001. La différence principale concerne le moteur, dorénavant
développé directement par Cosworth. Il s'agit d'augmenter la
plage d'utilisation, les reprises à bas régime et la puissance.
Pour cela, Cosworth a développé un nouvel embiellage qui comprend
un jeu de pistons, bielles et vilebrequin spéciaux. La transmission
n'est pas en reste, avec la gestion électronique des ponts qui se généralise
à toutes les voitures d'usine. Enfin, l'équipe reçoit
le renfort de François Delecour en qualité de troisième
pilote aux côtés de Colin McRae et de Carlos Sainz. Incontestablement
plus performantes, les trois Focus officielles manqueront plusieurs fois la
victoire en raison de problèmes de fiabilité, tandis que la
concurrence se montre en gros progrès, surtout Peugeot, dont les 206
remportent toutes les épreuves à partir du rallye de Finlande.
Cette saison 2001 sera donc à l'image des précédentes,
c'està-dire décevante. Le problème essentiel semblait
provenir d'une inadaptation aux pneus Pirelli et d'une gestion électronique
très brutale qui provoquait des coupures lors des démarrages
à chaud. Aussi, à l'aube de la saison 2002, comme c'est encore
le moteur qui reste le sujet le plus préoccupant, il subit nombre de
modifications, en particulier les chambres de combustion, le turbocompresseur,
l'injection électronique, la triple gestion électronique des
ponts, qui s'accompagnent d'un allégement général de
la coque et de l'arceau de sécurité. Ces modifications indispensables
se poursuivent tout au long de la saison, mais, malheureusement, les Peugeot
206 se montrent une fois de plus supérieures, et les Ford ne triomphent
qu'au rallye dArgentine avec Carlos Sainz, à lAcropole et au Safari
avec McRae. Ces résultats, obtenus une fois encore sur un revêtement
difficile, ne peuvent satisfaire les pilotes, et le climat se dégrade
au sein de l'équipe comme à l'intérieur des voitures.
Carlos Sainz, comme Colin McRae, choisit de rejoindre individuellement l'équipe
Citroën pour 2003. Quant à Malcolm Wilson, s'il conserve sa confiance
à Marko Martin, il confie les deux autres Focus WRC à de jeunes
pilotes issus du championnat junior Super-1600, tandis que Michelin remplace
Pirelli pour l'équipement pneumatique. La saison 2003 débute
avec une version passablement modifiée, caractérisée
par un capot moteur fortement découpé, afin d'améliorer
le refroidissement, et un aileron arrière plus volumineux que le précédent.
Colin McRae au rallye de l'Acropole 2000, et une Focus qui aborde une nouvelle décoration.
Le quatre cylindres Zetec WRC revu par
COSWORTH en 2001.
Fiche
technique
Berline 2 portes |
En 200, après le départ de Carlos Sainz et Colin McRae, l'équipe Ford de rallye est restructurée. Martin, Hirvonen et, ici en photo, Duva, sont engagés.Dnas le même temps, les Focus perdent les couleurs Martini. |