Escort Cosworth

Conscients des faiblesses chroniques des Sierra Cosworth, qui concernent surtout l'architecture générale et une transmission intégrale peu exploitable, les responsables techniques et commerciaux s'entourent de toutes les garanties au moment de concevoir l'Escort RS Cosworth. Extérieurement, on remarque surtout la compacité de l'ensemble et une agressivité du style bien perceptible au niveau de l'aileron arrière d'une surface importante, qui permet de différencier sans hésitation une Escort-Cosworth du reste de la gamme tourisme. Techniquement, ce sont bien sûr le quatre-cylindres seize soupapes à double ACT et un volumineux turbo Garrett qui propulsent l'ensemble. L'alimentation fait appel à une gestion électronique intégrale Marelli-Weber très sophistiquée, solution indispensable pour rendre le pilotage moins désagréable en usage non sportif. Car l'Escort RS Cosworth sera construite au minimum à cinq mille exemplaires afin d'obtenir l'homologation en groupe N. Dans cet esprit, une version allégée, dénommée "Motorsport", est commercialisée en petite série. Le gain de poids est obtenu principalement sur l'aménagement intérieur, avec la suppression des vitres électriques, de la climatisation, des sièges en cuir et de la fermeture centralisée des portières. Malgré tout, le pilotage reste très fatigant, surtout en ville, en raison de la brutalité des reprises et du temps de réponse du turbo. Mais telle n'est pas la destination de l'Escort RS Cosworth, conçue en priorité pour mettre fin au règne des LanciaHF-intégrale et des Toyota Celica en rallye. Contrairement à ce qui s'est passé avec les SierraCosworth, les Escort ne sont pas destinées aux compétitions en circuit, discipline réservée aux Mondeo. La version groupe A, développée directement par l'usine, débute à l'occasion du rallye Monte-Carlo 1993, après de longues séances d'essais menées conjointement par Mike Biasion et François Delecour. Par rapport à la Sierra-Cosworth, l'Escort RS Cosworth est plus maniable, et l'exploitation de la puissance est elle-même en forte progression. À ce propos, le chiffre de 300 ch ne constitue qu'une valeur théorique officielle qui ne correspond en rien à la réalité, qui se situe entre 350 et 400 ch selon les versions, voire plus encore en rallycross. Sur le terrain, les Escort RS Cosworth ne tardent pas à confirmer leur potentiel: François Delecour échoue in extremis pour la victoire au rallye Monte-Carlo, mais Ford remporte les deuxième et troisième places derrière la Toyota de Didier Auriol. Ce n'est que partie remise, puisque le duo Delecour-Biasion réalise le doublé dès le rallye du Portugal, puis le Français remporte le Tour de Corse et le rallye de Catalogne, l'Italien le rallye de l'Acropole, Gianfranco Cunico le Sanremo. Des performances toutefois insuffisantes pour empêcher l'équipe Toyota de coiffer la couronne mondiale en 1993. La saison suivante débutera en fanfare avec la victoire de François Delecour au rallye de Monte-Carlo, mais l'euphorie sera de courte durée car les équipes Toyota, Subaru et Mitsubishi, qui progressent rapidement, relèguent de plus en plus les Escort RS Cosworth. Tommi Makinen remporte néanmoins le rallye des Mille Lacs pour Ford, mais ce sera la dernière performance de la saison malgré le renfort de pilotes de grand talent, comme Ari Vatanen, Stig Blomquist ou Bruno Thiry. La saison 1995 sera encore pire, largement dominée par le duel Subaru/Toyota arbitré par Mitsubishi.

Le quatrecylindres double ACT turbocompressé de l'Escort RS Cosworth groupe A.

Lannée 1996 marque le début des WRC (World Rally Cars) qui correspondent à de nouvelles règles d'homologation. Ainsi les WRC, contrairement aux groupe A, sont dérivées d'une voiture de grande série à deux ou quatre roues motrices, mais construites à quelques dizaines d'exemplaires seulement. Afin de ne pénaliser aucun constructeur, toutes les groupe A déjà homologuées peuvent éventuellement "basculer" en WRC. Ce sera le cas des Escort RS Cosworth qui bénéficient de nombreuses améliorations techniques et aérodynamiques, en particulier au niveau des ailes, du bouclier avant et de l'aileron, beaucoup plus discret que le précédent. Moins visible, la transmission adopte une boîte séquentielle à six ou sept rapports, en fonction du profil de l'épreuve, tandis que tous les radiateurs et échangeurs d'air sont redimensionnés et déplacés. Au niveau des pilotes, l'équipe Ford aligne un trio de choc avec François Delecour, qui reçoit le renfort de Carlos Sainz et de Stig Blomquist, plus BrunoThiry et Patrick Bernardini à titre semi-officiel, ce dernier remportant le rallye Monte-Carlo 1996, disputé hors championnat. Stig Blomquist gagnera le rallye d'Indonésie, mais ce sera la seule victoire de la saison en championnat du monde, contraste saisissant au regard de la domination des Escort R Cosworth groupe A dans toutes les manches du championnat d'Europe, et même dans les rallyes nationaux. Début 1998, le service compétition Ford, souhaite préparer le renouvellement des Escort RS Cosworth en toute sérénité, et confie à Malcolm Wilson l'exploitation en compétition. Deux Escort WRC seront confiées à Bruno Thiry et Juha Kankkunen, qui réaliseront quelques jolies performances pour cette ultime saison en championnat du monde.

Carlos Sainz au rallye Monte-Carlo 1997 avec l'Escort Cosworth, désormais homologuée en WRC.

François Delecour au rallye Monte-Carlo 1993.

Patrick Bernardini, que l'on voit ici en action au rallye d'Alsace 1994, remportera également une édition du rallye Monte-Carlo au volant de l'Escort Cosworth, mais hors championnat du monde.

Fiche technique

Berline carrosserie acier Structure: monocoque acier Moteur: 4 cylindres longitudinal avant
Distribution: 16 soupapes et 2 ACT Cylindrée : 1994 cm' Alésage x course: 90,8 x 76,9 mm Taux de compression : 7,5/1 Alimentation: injection électronique Weber-Marelli et turbo Garrett T3 (gr. A) et Ford-Pectel Puissances: 220 ch à 6250 tr/min (série) et + de 300 ch à 6250 tr/min (gr. A) à 5800 tr/min (WRC) Couple maxi : 29,6 m.kg à 3500 tr/min (série) et 45,9 m.kg à 5000 tr/min (gr. A), 51 m.kg à 3 500 tr/min (WRC) Transmission: BV Ford mécanique à 5 rapports (séquentielle à 6 et 7 rapports sur WRC), intégrale permanente, autobloquants central et arrière à viscocoupleurs Suspensions: AV - McPherson ;
AR - bras tirés et ressorts hélico daux, barres antiroulis
Freinage: 4 disques ventilés et ABS Teves
Dimensions: empattement 2,55 m ; longueur 4,21 m; largeur 1,73 m; hauteur 1,42 m; poids 1300 kg (série) et 1 220 kg (WRC) Vitesse maxi : 224 km/h (série)

L'habitacle de l'Escort RS Cosworth d'usine en 1996.
La commande de transmission est classique et l'affichage électronique n'est pas d'actualité.

 

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